Mêlant musique tunisienne, jazz, musique symphonique et arts visuels, la collecte de terrain dans les régions tunisiennes a donné naissance à une création orchestrale nommée 24 Parfums. Inspirée par les arômes et sensations musicales transcrits dans le palimpseste du patrimoine musical tunisien, Mohamed-Ali Kammoun ajoute aux matériaux anciens (thèmes, rythmes et textes) une dimension nouvelle générant un voyage spatio-temporel sensationnel. L’écriture suggérée s’avère, selon plusieurs critiques et musicologues, bouleversante et pose de nouvelles conceptions en matière d’arrangement et de développement des musiques traditionnelles des maqâm-s.
Les inventions du compositeur se présentent sur les plans compositionnel (préludes instrumentaux, introductions, charnières mélodiques, réponses instrumentales, codas, contrepoints, etc.), harmonique (la musique traditionnelle des maqâms est monophonique), rythmique, formel… Sur le plan orchestral, un ensemble contemporain a été imaginé, contenant des solistes de diverses régions et disciplines, entre cordes symphoniques, instruments à vents traditionnels, percussions, jazz trio et chorale. L’orchestre se constitue essentiellement de jeunes interprètes, longuement préparés, et dont la formation a été renforcée par de multiples transferts pédagogiques auprès de détenteurs de patrimoine.
Le spectacle eut énormément de succès lors de sa Première le 17 août 2018 à la Clôture du Festival International de Carthage. Une grande tournée a eu ensuite lieu enchaînant une vingtaine de concerts, la plupart sur des scènes prestigieuses (Opéra de Tunis, Colisée d’El Jem, Théâtre Grec de Hammamet, Grands théâtres de Plein air de Bizerte, Grand théâtre de Sfax…). La tournée de 2019 a été clôturée par un concert légendaire le 19 septembre à l’Olympia de Paris à guichet fermé, organisé par Aryason.
Une création visuelle du designer graphique Raouf Karray embellit le spectacle avec des projections de parfums visuels composés tout au long du voyage dans les régions tunisiennes. Une chorégraphie de Oumaima Mannai est également au programme de chaque concert, inspirée, elle-même de danses traditionnelles.